Salut les amis, @fancybrothers de retour !
Bienvenue dans un nouvel épisode de la série qui s'intéresse à la science médico-légale, une série qui a pour objectif de vous faire comprendre le rôle des médecins dans les enquêtes policières. Dans les deux premiers épisodes j'ai parlé de l'histoire naturelle de la mort et des mécanismes utilisés par les spécialistes pour dater des cadavres, si vous avez raté ces articles, je vous conseille de consulter les liens correspondants avant de commencer de lire cet article:
- Les sciences forensiques: Que se passe-t-il après la mort?
- La science médico-légale: La datation des cadavres
Depuis pas mal de temps, j'étais un grand fan de Dexter et Sherlock holmes, Je m'étais toujours fasciné par leurs déductions intelligentes sur les scènes de crime. Pour aujourd'hui le sujet est super cool, on va voir comment des petits indices corporels aident à décrire une histoire précise de la mort et d'en préciser la cause. C'est n'est possible dans tous les cas mais quand ces indices sont présents, ils sont quasiment décisifs. Imaginons qu'on se trouve face à un cadavre dans un contexte d'homicide comment on procède ?
Approaches générales:
Tout d'abord on commence par inspecter le lieu du crime où se trouve le cadavre pour avoir une idée soi-disant globale de quoi il s'agit. On peut trouver à proximité une arme à feu, une arme blanche, un emballage vide d'un médicament, une corde ou tout objet qui permet d'expliquer l'accident.
On prend plusieurs photographies de tous les angles et on prélève plusieurs échantillons dans des sacs plastifiés spécifiques pour chercher les empreintes digitales et comparer les ADNs trouvés avec les ADNs des suspects par la suite dans les laboratoires.
Ensuite, on examine le cadavre soigneusement en décrivant l'aspect de la peau , la prise de la température est obligatoire dans ce stade, si elle est très diminuée ou bien associée à une peau mouillée, une noyade par exemple est évoquée. Par contre si elle est très augmentée, une mort par électrisation ou bien par un processus thermique élevé est toujours possible (la peau peut être brûlée ou non brûlée). Dans certains cas où la victime était malade avant de mourir, une infection grave peut expliquer la hausse de la température, cependant, il faut toujours interpréter les résultats en fonction de l'intervalle éventuel de la mort pour éviter les erreurs. Bref, parfois la température peut s'avérer primordiale pour déterminer la cause de la mort.
Recherche des blessures:
C'est une étape très importante dans l'examen, au niveau cervical, des traces d'un sillon au niveau du cou peuvent expliquer une strangulation par une corde ou bien une pendaison, de même des traces d'ongles associés à des dermabrasions peut aussi expliquer une strangulation manuelle. On continue la procédure et on cherche l'existence des plaies ou bien des portes d'entrée provoquées par des armes blanches ou bien des balles. La présence massive du sang et des orifices sanglants est un bon indice qui nous renseigne sur le mécanisme hémorragique de la mort, dans ce cas on doit prendre des échantillons et quantifier le sang immédiatement.
Parfois, des tueurs ont tendance à mutiler leurs victimes, les médecins légistes sont souvent capables de connaître le caractère Post ou Anté-mortum (avant ou après le décès) des lésions traumatiques, ça se fait grace aux signes de vitalité notamment les ecchymoses...
Selon wikipedia, on parle d'ecchymose seulement lorsqu'il y a une extravasation sanguine dermique, autrement dit du sang qui quitte les vaisseaux. C'est une variété de purpura réalisant des tâches de largeur variable aux contours irréguliers. Elle est généralement causée à la suite d'un choc et résulte de l'endommagement des capillaires sanguins, ce qui va permettre au sang de diffuser dans les tissus avoisinants
La constitution d'une ecchymose nécessite un organisme vivant, la mort d'un individu est associé à un arrêt total de la pompe cardiaque, ce qui fait que le sang ne circule plus dans les vaisseaux. Une lésion anté-mortum cause toujours une ecchymose et une lésion post-mortum ne cause jamais une ecchymose, c'est une règle générale dans l'examen des cadavres.
L'intérêt des lividités cadavériques:
Les lividités cadavériques sont le résultat d'un sang stagne dans les zones déclives du corps, elles prennent de temps pour apparaître et durent environ 12 heures pour se fixer définitivement. Au début, les vaisseaux sanguins sont assez fonctionnels malgré un manque d'oxygène, une pression aux doigts fait disparaître les lividités en chassant le sang du tissu interstitiel vers les vaisseaux. Après la fixation, la simple pression n'a aucun effect cette fois-ci, ce phénomène est expliqué par un dysfonctionnement complet des vaisseaux sanguins et le sang reste piégé dans le tissu interstitiel.
Comme nous avons déjà discuté dans l'article précédent, on peut se servir de ce phénomène pour estimer l'heure de décès mais les lividités ont un plus grand intérêt. Dans les enquêtes policières, la fixation des lividités peut nous donner une idée sur le déplacement du cadavre en post-mortum, si par exemple on trouve des lividités en haut (normalement elles sont présentes uniquement dans les zones déclives) on peut déduire que le corps a été déplacé après la 12ème heure post-mortum.
Ce n'est pas tout ! l'aspect des lividités est un important facteur à prendre en considération, un teint bleu violacé (on parle de cyanose cutanée) signifie que le sang du cadavre est très riche en désoxyhémoglobine suite à un manque sévère en oxygène, donc le sujet a été très probablement étranglé et asphyxié ou bien noyé avant le décès. Pendant l'hiver, l'utilisation des chauffages et des appareillages thermiques défectueux produisent un gaz létal, le monoxyde de carbon, qui prend la place de l'oxygène sur les molécules d'hémoglobine au sein des globules rouges par un mécanisme compétitif, ceci peut produire une asphyxie à l'échelle moléculaire et donne par conséquent une teinte rouge-carmin des lividités très spécifique lors de ces accidents.
La palpation des cadavres:
Généralement, on palpe tous les muscles à la recherche d'un durcissement anormal, ce qu'on appelle couramment la rigidité cadavérique. Elle est le résultat direct d'un épuisement des cellules musculaires en énergie, elle s'installe à peu près 3 heures après la mort, lors des décès suite à une lutte importante, elle s'installe beaucoup plus avant la troisième heure à cause de l'activité musculaire considérable fournie par la victime, par ailleurs, les convulsions spontanées ou provoquées (par ingestion volontaire des médicaments) produit un effect similaire, associés à un flacon vide où à des lettres de suicide, ils constituent une preuve irréfutable à une intoxication.
On poursuit l'examen par la recherche des empâtements tissulaires, signes des hématomes hémorragiques et on finit par un examen des parties génitales pour chercher la présence des traces de sperme lors des violences sexuelles tragiques.
S'il n'y a pas des indices malgré tous ces examens ! Que fait-on alors?
On décide selon le contexte, si nous sommes dans un contexte médico-légal (Violence sexuelle, homicide, suicide..) on continue par une autopsie, sinon elle ne vaut pas le coup, par exemple au cours des morts naturelles des sujets âgés ou malades. La réalisation dune autopsie nécessite une connaissance approfondie de l'anatomie de corps humain et une attention au détails, elle se fait par médecin expérimenté qui examine tous les territoires du corps allant du cerveau vers les organes génitaux.Dans la majorité des cas, on trouve des caillots sanguins dans les coronaires (vaisseaux du coeur) ou bien dans les artères cérébrales. Les autres causes de décès sont très nombreuses, elles peuvent être des hémorragies viscérales, des oedèmes des poumons, des corps étrangers, des substances exogènes etc.
Bon voilà ! L'article pour aujourd'hui est terminé, j'espère que vous avez appris quelque chose ! Merci beaucoup pour votre temps et à la prochaine!
Pour aller plus loin:
Livre: Médecine légale judiciaire, droit médical, éthique médical pour DCEM 3 de la faculté de médecine de Tunis écrit par M.Allouche, A.Banasr, M.Ben khelil, N.Ben salah, A.Benzarti, D.Gargouri, D.Gloulou, M.Hamdoun, M kaffel, T.Larbi, S.Mrad, S.Trabelsi, S.Zhioua (Si vous voulez la version PDF, contactez moi)
Liens utiles:
Lividités cadavériques (ou hypostase cadavérique)
LA DÉTERMINATION DE L’ORIGINE VITALE DES LÉSIONS
Médecine Légale: Examen du corps et autopsie médico-légale
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