Je serai danseuse ou religieuse. Issue d’une famille de musiciens, mon père était chef d’orchestre et violon solo à 15 ans à la radio de Barcelone. Il a poursuivi sa carrière à l’Opéra de Bordeaux.
Il ne voulait absolument pas que sa fille soit dans ce milieu.
Raté, la petite a un sacré tempérament et poursuit son idée : être une étoile dans le ciel de l’artistique.
Mes grands-parents avaient créé une école de musique : « les cours Massenet ». Ils voulaient rendre hommage au compositeur Jules Massenet, bien connu des mélomanes, et auteur des opéras Manon, Tahis, etc. C’était également un ami intime de mon grand-père. Je possède d’ailleurs encore des lettres envoyées par Jules Massenet à mon grand-père.
Ma formation musicale commence dans le sein familial. Puis je décidais de rentrer au conservatoire de Bordeaux en chant et comédie. Je décrochais 5 premiers prix, aux côtés du comédien Roger Miremont.
Roger a été acteur dans de nombreuses comédies musicales comme « Hair », ou « O Calculta ». Puis il a été pensionnaire de la Comédie Française à Paris, et partenaire de Jean-Pierre Darras dans Molière. Il a également joué dans de nombreux films et pièces de théâtre, notamment aux côtés de Jacqueline Maillant.
Si je vous parle de lui c’est car il a été mon premier grand amour. Et sur notre promotion de 35 élèves au conservatoire de Bordeaux, nous avons été les deux seuls à faire une carrière professionnelle.
Quant à moi, j’ai chanté dans tous les opéras de France, Belgique, Allemagne, où il m’est arrivé pas mal d’anecdotes.
Je pourrais par exemple vous raconter :
Comment un avion a été immobilisé à cause de mon retard. Je sortais de l’opéra de Monaco et je chantais le soir même à Strasbourg. Je suis arrivé directement de scène, encore costumée et maquillée. Comme punition pour me faire pardonner, le commandant de bord m’a demandé de chanter, durant le vol, un extrait de Carmen A capela, devant tous les voyageurs ébahis.
Comment je me suis retrouvée dans ce que je pensais être un taxi alors que c’était un forain, ralentissant devant ma maison, qui transportait une caisse de serpents pour le cirque alentours.
Comment j’ai obligé mon ami Paul Brelly, directeur des cinémas Gaumont de Bordeaux, à venir me chercher en jet privé, car je n’avais pas prévu de transport entre Nice et Dijon.
Comment j’ai été larguée en hélicoptère dans les arènes de Fourviere à Lyon alors que j’ai le vertige.
Comment et pourquoi j’ai été escortée par un convoi de CRS entre Toulon et Monaco
Comment je faisais mes vocalises dans les toilettes d’un train me conduisant à Rennes, pour un remplacement au pied levé dans Carmen. Et pourquoi le contrôleur, attendant ma patiemment ma sortie, est resté sans voix en me voyant.
Comment je me suis retrouvée dans le film « Noces barbares » de Yann Keffelec, car il tenait absolument à ce que le rôle de la pianiste concertiste soit tenu par une véritable pianiste. Et comment le propriétaire du château a faillit avoir une attaque en me voyant conduire sa précieuse voiture.
Et bien d’autres situations extraordinaires que je vous raconterai dans de prochains articles si vous avez le courage de me suivre dans mes péripéties.
L’art est l’illusion qui rachète toutes les autres. En ce qui me concerne il a racheté ma vie.
A l’âge de 3 ans j’étais danseuse étoile dans le groupe de Mady Pierozy, célèbre danseuse étoile de l’opéra de Paris. Mes parents voyant l’importance de la danse dans ma vie, on décidé de me forcer à arrêter.
Mais la petite continue dans l’univers d’artiste, en devenant soliste au violon à l’âge de 10 ans.
Mon père qui était un grand violoniste était par contre un très mauvais professeur. J’étais sa seule élève et il a réussi à me dégoûter du violon avec ses cris intempestifs et son tabagisme.
Ce n’est pas grave, ma voie était ailleurs : l’opéra. D’où le titre de cette série d’articles : ma vie est un opéra.
Pendant 25 ans j’ai parcouru la France et une partie de l’Europe, chanté dans les plus grands opéras, joué avec certains des plus grands comédiens, et fait des apparitions dans plusieurs films au cinéma.
Mais j’en garde pour la suite, car ma vie n’est pas un long fleuve tranquille.