J'écris de la poésie, je ne sais faire que ça.
Peut-être que c'est inutile.
Peut-être que je sais aussi aimer.
Mais quand vient le soir et toutes les choses si précises, les oiseaux, le vent, les breuvages délétères ...
Quand vient le soir, tout ce que je sais faire, c'est me taire et poétiser.
Dans le calme silence des pages blanches, Dans le beau regard d'une femme que je sais peut-être aimer.
Dans les blagues faciles Et le bonheur absurde Et le malheur absurde
Je poétise.
Peut-être que cela pourra un jour t'illuminer un peu Quand dans une solitude de canapé tu chercheras Des phrases auxquelles te raccrocher.
Peut-être que tu sauras, Dans la blancheur d'une ligne, Que d'autres vécurent avant toi, Que d'autres vivent.
Et simplement nous nous trouverons, alliés distants, inconnus splendides aux os blancs, Coulant comme une eau claire Sur les pentes boueuses de nos vies.
A chaque instant insaisissable, Je ressens l'impossible saisie, Et ce qui déborde, Déborde en éclaboussant, déborde en relevant, déborde.
Je poétise : je me taille une place discrète à coups de mots-couteaux.
Petite boule, j'assemble, j'assemble à peine, je me fais assemblé.
J'hésite, je me prostitue un peu en lâchant des phrases inutiles,
Jusqu'au soir j'hésite, Et puis, enfin certain d'un je-ne-sais-quoi,
J'épure, Je présente tranquillement quelques fragments, Quelques décors,
Redressé.
Ce que je fais, tu pourrais le faire. Ce n'est pas une performance, ce n'est pas un peuple de mots rares et d'états supérieurs.
Ce n'est pas une vision prophétique ni même un savant assemblage. Pas de perfection.
Ce que je fais, tu le fais avec moi, Et c'est à cette hauteur d'homme qu'on se retrouve, Simples comme bonjour.
Et l'humanité coule à travers nous.
Regarde, je ne la retiens pas, je la laisse passer, Je ne veux pas y apposer une empreinte griffue Et chaque belle phrase risque d'être un vol fourbe,
Chaque phrase qu'on lance comme si nous l'avions forgée Nous fait imposteurs.
Regarde : je coule tranquillement Et t'invite avec moi pour que tu m'invites un jour.
Toi et moi nous créons l'instant.
Je ne sais pas faire autre chose que poétiser.
Je n'en suis pas fier.
Comme un merle qui chantonne Ne sait pas si on l'écoute,
Je suis simplement là.!
Je ne sais faire que poétiser, et t'invite à ma table Où le vin est servi frais et où la conscience d'exister Pare la poussière d'un éclat de tendresse.