Il y a maintenant un peu plus d’un an j’ai partagé mes inquiétudes par rapport au manque d’action pour la biodiversité de la part de notre gouvernement. Ce qui me choquait le plus c’était de voir cet espèce de green washing permanent suite à la COP21 alors qu’au final, soyons clair, la France ne faisait absolument rien pour arranger les choses. Je vous propose donc aujourd’hui de faire une sorte de bilan de l’année. De découvrir avec moi si la France s’est enfin réellement mise au vert durant cette année 2018 et ce qu’elle a prévue pour 2019.
Petit point à l’échelle mondiale
Globalement et je pense que vous le savez tous, on fonce droit dans le mur.
On estime une perte de 60% des habitats naturels sur la planète depuis les 50 dernières années et près de 70% des milieux exploités par l’homme sont en déclin car exploité au-delà de leur capacité de régénération.
Le réchauffement climatique induit une migration d’espèces vers le nord et en altitude ce qui induit des pressions sur les populations présentes naturellement et modifie les écosystèmes. De plus, la migration d’insectes vers le nord pourrait à plus ou moins long terme provoquer des épidémies de maladies qui habituellement ne sont pas présentes dans les régions du nord.
N’oublions pas la fonte du permafrost qui provoque de très jolis trous dans les sols de la Sibérie et laisse s’échapper toute sorte de gaz comme du méthane ou de carbone, détruisant les habitats d’animaux mais aussi des hommes, tout en nous révélant de magnifiques mammouths et autres organismes vieux de plusieurs milliers d’années comme de mignons petits virus.
Glace emprisonnée dans le sol, nommée permafrost ou pergélisol en français. source
Pour faire court, on compte une baisse des populations dans tous les groupes biologiques, aussi bien chez les animaux que chez les plantes.
Et la France dans tout ça ?
La France possède des territoires variés, entre l’hexagone et les DOM-TOM, la palette d’habitats est extrêmement large. Cependant, nous sommes parmi les 10 pays comptant le plus grand nombre d’espèces menacées avec un total de 1301 espèces dont 299 dans l’hexagone selon l’UICN. Soit 154 espèces en plus sur la liste par rapport à l’année dernière !
Aïe… ça la fou mal pour un pays qui se voulait être un exemple.
Point fort de l’année, la démission qui a fait grand bruit, celle de notre ministre de la transition écologique Nicolas Hulot le 28 aout. Il a déclaré qu’avec cette décision il espère faire réfléchir le gouvernement sur ses responsabilités notamment face au lobbying. Les motivations de cette démission son simples, je cite « On s’évertue à entretenir un modèle économique cause de tous ces désordres climatiques. (…) Nous faisons des petits pas, (…) mais est-ce que les petits pas suffisent… la réponse, elle est non. ».
A-t-il pris la bonne décision ? Je vous laisse seul juge, mais cela montre bien qu’il y a un petit souci en ce qui concerne les prises de décisions pour l’environnement.
A côté de cela on compte une baisse de 38% des chauve-souris qui sont sensibles aux insecticides, à la pollution lumineuse et aux réchauffements climatique. La population d’oiseaux spécialisés continue elle aussi de dégringoler dans tous les milieux
Malheureusement il n’y a pas de mise à jour des dépenses du gouvernement lié à la biodiversité, donc je ne saurais pas vous dire s’il y a eu une amélioration de ce côté.
D’après l’association FERUS qui suit les populations de loups, durant l’année 2018 seul 40 loups devaient être chassés initialement. Cependant, ce plafond a été atteint très rapidement entrainant une hausse de celui-ci à 43 puis 51 individus. Rappelons que le loup est un animal protégé et qu’il devrait par conséquent être interdit d’en détruire comme pour l’ours ou la loutre.
Notons tout de même que le plan loup de 2018 a permis de donner des subventions aux éleveurs afin de leur permettre de sécuriser leurs troupeaux et de mettre en mise en place d’une brigade de bergers mobiles.
Il n’y a donc pas eu que de mauvaises choses durant cette année !
Des mammifères disparues dans certaines de nos régions reviennent en force, notamment le castor, la loutre (et vous savez que j’apprécie particulièrement cette dernière) et le chat forrestier Felis silvestris silvestris montrent tous les trois des signes encourageants.
En octobre 2 ours femelles, Claverita et Sorita ont été relâché dans le sud de la France agrandissant la maigre famille présente sur notre territoire. Bien que, selon des études sur la génétique des populations de ces ursidés, un relâché d’aussi peu d’individus est une très maigre consolation car il faudrait relâcher au moins 4 femelles dans les Pyrénées pour stabiliser la population. Il va malheureusement falloir attendre le printemps pour connaître le réel bilan de l’année 2018 sur les ours. Ne vous inquiétez pas je vous ferais un petit topo à ce moment-là.
Souhaitons leur bonne chance et croisons les doigts pour les voir maman cette année.
Bien entendu je ne peux pas vous lister l’intégralité des actions faites durant l’année donc je vous invite à creuser le sujet si vous vous y intéressez, ou a me poser vos questions, j'y répondrais avec grand plaisir.
Les projets pour cette année 2019
Cette année, notre gouvernement a fait quelques efforts sur la communication. Au-delà de nous présenter les problèmes et les enjeux de la biodiversité, il nous apporte quelques solutions et ça il faut le noter !
- Agroforesterie
Là pour une fois je dis un gros oui ! Il s’agit d’une pratique agricole qui s’est perdue avec l’industrialisation. Le principe est simple, allier la culture céréalière ou l’élevage avec de la production de bois ou d’arbres fruitiers. Cette pratique est intéressante car elle permet de varier la production ce qui assure un minimum de revenus à l’agriculteur même face à une baisse de prix ou une maladie. Mais en plus, cela apporte une diversité d’habitats. Grâce à cela certaines espèces peuvent nicher dans les branches et servir d’insecticide naturel. Sans oublié que les racines des arbres permettent de stabiliser les sols et diminuer la détérioration par le vent ou la pluie.
L’inconvénient est ici l’impossibilité d’utiliser certaines grosses machines agricoles telles que les moissonneuses-batteuses de 7m de large, quoiqu’on peut espacer un peu plus les arbres aussi.
On espère donc voir apparaître des subventions ou des aides pour les producteurs voulant passer le pas vers l’agroforesterie !
- Continuer d’améliorer nos connaissances scientifiques et naturalistes
Là aussi un bon point, dans certains secteurs les connaissances naturalistes sont limitées et reposent en grande partie sur les associations environnementales. Associations qui fonctionnent grâce à l’aide de bénévoles alors si vous voulez vous rendre utile tout en emmagasinant des connaissances n’hésitez surtout pas à vous rapprocher d’une association locale, il y en a un peu partout et ils en ont besoin ! Trêve de digressions. Vouloir améliorer l’efficacité de la recherche nécessite de mettre un certain montant derrière et je ne suis pas certaine que la France soit capable de mettre la main au portefeuille pour les facultés de sciences ou pour les associations. Au contraire j’ai plus souvent eu vent de baisses de budgets pour l’un comme pour l’autre…
- Éduquer la population et les sociétés
L’éducation est selon moi un enjeu majeur. Bien sûr qu’on doit éduquer les gens mais la vraie question est comment faire ? Publier gratuitement des rapports et des analyses est une bonne chose certes mais une population qui n’est pas familiarisée de base avec le milieu n’ira pas chercher ces données d’elle-même. Il faudrait revoir l’éducation en amont en sensibilisant les jeunes à l’école par exemple, tout en utilisant des outils modernes (comme youtube) pour accroître leur attention. Il serait nécessaire de changer légèrement les programmes scolaires, les mettre à jour en quelque sorte, et ne pas compter uniquement sur des intervenants extérieurs au bon vouloir des professeurs.
Mettre en place des groupes de partages de techniques agricoles pourrait aussi être une idée. Je me dis que certains producteurs seraient plus aptes à changer leurs méthodes s’ils rencontraient des gens qui ont déjà sauté le pas. Pour finir, je pense que reconnecter les citadins aux problèmes des milieux ruraux et « naturels » est obligatoire pour pouvoir avancer. Comment voulez-vous qu’une personne donne un avis objectif et donc vote de façon objective sur des lois en lien avec l’environnement s’il n’a jamais vu une plante pousser ?
- Faire de la biodiversité un patrimoine public (valorisation artistique, scientifique, historique)
Là chez moi ça tique… Je n’ai pas trop de problèmes avec les patrimoines scientifiques car généralement leur objectif est de préserver au maximum les milieux de prélèvement. Mais faire d’un milieu naturel un patrimoine artistique ou historique peut être selon moi contre-productif.
Imaginons un terrain qui comporte une vaste forêt avec en son centre un château. Celui-ci doit être rénové car devenu un patrimoine historique. Pensez-vous que la commune laissera toute cette forêt indomptée avoisinant ce superbe château ? Il serait tout de même dommage de le rénover pour ne pas le voir de loin ! Ainsi, la forêt finie en jardin bien maitrisé, bien artistique et les espèces sauvages disparaissent.
Que dire pour conclure ? On avance vraiment à tout petits pas et pour une fois je suis bien d'accord avec M. Hulot... Faire des petits pas ne suffira pas pour sauvegarder la biodiversité, voire nous sauver. Il serait temps que les dirigeants voient la vérité en face et que nous arrêtions de nous faire avoir par le green-washing permanent. Si j'ai un conseil à vous donner c'est de rester curieux et de ne jamais arrêter d'apprendre. C'est en comprenant le monde qui nous entoure qu'on peut agir.
Je vous remercie d'avoir lu ces quelques lignes et vous dis à bientôt, longue vie et prospérité.
mon blog : https://steemit.com/@siniy mon instagram : https://www.instagram.com/biosiniy/ mon steepshot : https://alpha.steepshot.io/@siniy
Pour aller plus loin :
-
plan d’action ours brun de 2018 à 2028
-
liste rouge des espèces européennes selon l’UICN
-
liste rouge des espèces mondiale selon l’UICN
-
article sur l’état des populations de chauve-souris (Vedura actualités)
-
article sur l’état des populations d’oiseaux (statistiques gouvernementales)
-
Site du ministère de la transition écologique : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/biodiversite-presentation-et-enjeux
Illustrations :
-
Wikimedia.org
-
Pixabay